Voici mon nouveau départ, ma nouvelle vie, mon nouveau moi, une nouvelle vie qui aurait pu commencer il y a un an mais qui commence maintenant, avec ce nouveau jour, cette belle journée ensoleillée et cet air d’été qui tardait à venir.
Dans le train, un petit homme à la peau sombre qui semble surgi de nulle part, s’assoit à coté de moi, il sent l’encens et la nature sauvage. Sur le trajet, je passe à côté d’un quartier résidentiel en pleine construction, sorti de terre comme partout dans le monde, on pourrait se croire à Jakarta ou à Manille, à Istanbul ou à Shenzen. Tous les toits se ressemblent, rien ne les distinguent. Sur le bord de la route poussent des asters et des coquelicots.
Le soleil du matin me réchauffe tandis que je prends l’air avant de commencer ma journée de travail. Les regards des collègues sont encore embrumés.
Ce matin, comme souvent, tu n’es pas là pour régler les bretelles de mon sac-à-dos, je me sens tout de guingois… Mais la pensée de ta présence dans ma vie me donne tout à coup le sourire.
Bruits de climatiseurs, de souffleries, comme un petit matin à Bangkok, le soleil encore bas glisse sur ma peau sèche, les odeurs de pourriture sombre en moins, juste une odeur subtile de printemps en retard.
La journée a passé lentement, très lentement, sous un soleil de plomb dont je n’avais plus l’habitude. La pause méridienne m’a échauffé les oreilles, l’esprit et le corps.
Odeurs artificielles, de parfums bon marché que l’on sent partout, ici ou dans les rues d’Istanbul, encore la Turquie, des jeunes hommes sans personnalité, standardisés, d’ici à Dubaï, fragrances de mélasse recuite dans les petits fourneaux en terre cuite des narguilés, pomme, grenade, etc. Tout un monde d’odeurs du Moyen-Orient lointain.
Il fait 27°C ce soir, comme une belle soirée stambouliote, et tu n’es pas là. Et je ne suis pas avec toi.